Suite à l’échange avec l’autrice Leslie Taupenas et le directeur du journal Franck Lerat, cet article est, comme les autres, en licence CC-BY-SA (merci à eux).
Initialement publié sur OpenStreetMap, la carto NO-LIMIT – Les Petites Affiches 64
OpenStreetMap, ou OSM, est un projet collaboratif au service de tous, utilisé par un nombre croissant de personnes et acteurs à travers le monde. Cette gigantesque base de données cartographique contributive en open source (données ouvertes) a largement de quoi taquiner l’omnipotent Google Maps.
Pour simplifier, on pourrait l’appeler le « Wikipédia de la carte ». OpenStreetMap repose sur une approche participative. Citoyens, entreprises, associations ou collectivités, cartographient leur territoire, et contrôlent la véracité des informations saisies entre pairs. Quant aux données saisies, elles sont à disposition de tous et peuvent être utilisées, téléchargées, remixées, y compris dans un but commercial, à condition de préciser la source « © les contributeurs OpenStreetMap ». Ce projet associatif, fondé au Royaume-Uni en 2004, est financé par des dons et ne contient aucune publicité. Nombre d’applications profitent de ce commun numérique pour proposer des services autour de la cartographie, rendant la vie plus facile sur bien des aspects. Entrez dans l’écosystème OpenStreetMap, bon voyage…
Que trouve-t-on sur OSM ?
On trouve (presque) tout sur cette carte ouverte. En plus des routes, des sentiers, des chemins, des bâtiments, figurent aussi les toponymes basques ou occitans, les toilettes publiques, les tables de pique-nique, les bancs, les boîtes aux lettres, les arceaux à vélos, les poubelles, les arrêts de bus, les parkings, les bornes de recharge électriques, les aires de jeux pour enfants, les distributeurs à sacs à déjections, les arbres… pour ne citer que quelques exemples. OpenStreetMap bénéficie d’une précision et d’une richesse des données renseignées encore inégalées. Cette haute valeur ajoutée, comparée à d’autres cartes en ligne, réside dans le fait que ces informations sont enregistrées par des personnes basées sur le terrain, qu’on appelle des « contributeurs ». En plus des données ouvertes, OSM utilise le cadastre français, des images satellites et des récepteurs GPS ainsi que des flux et images satellites issues d’IGN pour s’assurer que la carte est à jour et conforme à la réalité.
Comment fonctionne OSM ?
Que ce soit par intérêt personnel, par nécessité professionnelle ou par passion, les contributeurs de ce grand projet sont au plus près de leur environnement, qu’ils observent et renseignent méticuleusement dans OpenStreetMap. N’importe qui peut contribuer, il suffit de créer un compte sur www.openstreetmap.org.
Des rencontres conviviales de passionnés sont souvent organisées pour collecter des données à plusieurs dans une zone à cartographier. On les appelle les « cartoparties » (originellement « mapping party ») ou encore « mapathons » selon les coins du monde et leur durée. Les volontaires partent en général sur le terrain effectuer des relevés de traces GPS et/ou recueillir des données visuelles avant de tout décharger sur ordinateur puis Internet. Ainsi, chaque participant s’approprie son territoire, avec le résultat quasi immédiat en ligne en guise de récompense pour l’acte citoyen effectué. Une opération gratifiante !
En 2024, on comptabilise un total de 11 millions de contributeurs, dont 1,75 million dans l’Hexagone : une communauté dynamique grandissante depuis la création de l’association OpenStreetMap France en 2011, soutenue par la Fondation OpenStreetMap qui héberge les données et le site du projet.
OSM au service du public
Puisqu’il n’existe aucune restriction à un usage commercial, plusieurs entreprises utilisent l’outil pour développer leurs prestations. C’est notamment le cas de la Poste, la SNCF, Michelin, et plus largement Facebook, Pokemon Go, SnapChat, Uber ou même Tinder !
Des API (programmes permettant à deux applications distinctes de communiquer entre elles et d’échanger des données) permettent d’enrichir le fonds de carte OSM avec de nouvelles fonctions. Ainsi, CyclOSM répertorie les aménagements cyclables, WheelMap identifie les lieux accessibles en fauteuils roulants, Panoramax permet de photo-cartographier la voie publique jusqu’aux moindres chemins à la manière du Street View de Google, SonarVision guide les déficients visuels, OsmAnd aide à s’orienter en montagne sans connexion Internet, etc.
OSM au service des territoires
Des sociétés peuvent également accompagner des collectivités territoriales, des offices de tourisme et des institutions dans la valorisation de leur territoire, en utilisant le commun numérique OpenStreetMap. C’est par exemple le cas de Apitux, Carto’Cité, ou Teritorio. Cette dernière, basée à Bordeaux et très active au Pays Basque et dans les Landes. Elle fusionne les données des logiciels métiers et celles d’OSM afin de créer des cartes papiers ou numériques interactives personnalisées et évolutives. L’entreprise a notamment aidé l’Office de tourisme de Bidart, la Ville et l’Office de tourisme d’Anglet à concevoir leurs cartes, ainsi que la Communauté d’Agglomération Pays Basque à cartographier les fresques du festival de street art bayonnais Points de Vue. Les structures de l’ESS et de l’économie circulaire ont aussi fait confiance à Teritorio pour l’élaboration de leur carte collaborative Carteco qui recense les acteurs engagés dans la transition écologique.
À l’heure où l’on s’interroge de plus en plus sur la façon dont les données numériques sont partagées et valorisées, OpenSreetMap révolutionne la cartographie en proposant une alternative libre, participative et en constante évolution, et ce depuis 20 ans. Un pied de nez aux cartes figées de naguère et au géant GAFAM qui n’hésite pas à revendre nombre de données personnelles de ses utilisateurs. Jouer avec les cartes n’est plus réservé à une élite. Contribuer à nourrir ce projet démocratique, c’est faire partie d’un élan citoyen mondial qui prône le partage et l’éthique tout en explorant les infinies possibilités qu’offrent la technologie et les logiciels libres.