OpenStreetMap France était cette année partenaire de l’événement GéoDataDays, les journées nationales de la géographie numérique. L’événement, organisé par l’AFIGÉO et DécryptaGéo, s’est tenu les 2 & 3 juillet à Arras.
Les GéoDataDays sont un événement annuel itinérant, pour faire connaître, promouvoir et valoriser le secteur de la donnée géographique : son écosystème, ses acteurs, ses produits et services, ses innovations. Il s’adresse à toutes les personnes concernées par les géodata : élus, gestionnaires de territoire, chercheurs, géographes, chefs d’entreprise, représentants de pôle de compétitivité, …
GéoDataDays
Je vous donc propose un retour sur ces deux jours. Voyons ensemble les sujets qui y ont été discutés et les échanges que j’ai pu avoir avec les acteurs présents.
Le stand OpenStreetMap France !
J’ai eu le plaisir de représenter l’association et la communauté OpenStreetMap durant l’événement en tenant un stand. L’occasion d’échanger avec un public de professionnels et de distribuer nos goodies tout beaux tout neufs. Sur les deux jours, une soixantaine de crayons, une vingtaine de dépliants, des autocollants et environ 300 grammes de petits chocolats sont partis !
Les visiteurs du stand étaient en partie des personnes qui découvraient ou s’interrogeaient sur OpenStreetMap. Comment ça fonctionne ? Combien de personnes contribuent ? Vous n’avez pas de soucis d’actes malveillants ? Des questions pour lesquelles il est toujours nécessaire de rassurer. Cela montre que nous devons continuer à animer des ateliers et présenter nos activités.
Beaucoup de professionnels du secteurs sont également venus féliciter la communauté ! D’abord sur la qualité des données ; mais aussi pour l’ensemble des efforts fournis autour des outils et pour l’animation réalisée par les bénévoles. ❤️
Une fois que la pertinence d’OpenStreetMap est actée, il devient ensuite possible d’évoquer des cas d’usages avancés : contribution thématique par des experts métiers, réutilisation de nos données comme référentiel, croisements avec d’autres bases de données… On avance on avance… 😉
Les thématiques majeures
Le programme de l’événement était riche, et comme toujours difficile de suivre toutes les présentations. Voici ce que j’ai retenu des conférences auxquelles j’ai pu assister.
Débat : les données géographiques dans 5 ans
La question est posée : à quoi ressemblera l’écosystème autour des données géographiques d’ici 5 ans ? Quels seront les acteurs et comment pourront-ils dépasser les actuels clivages ? Les discussions se sont centrées autour des données de grande précision, par exemple la description des réseaux implantés dans les rues ou les données à destination des véhicules autonomes. Comparés à d’autres puissances comme la Chine ou les États-Unis, la France et l’Union Européenne sont à la peine. Ce retard peut s’expliquer par une approche éthique et les longues discussions entre acteurs sur les licences.
Point licence !
D’ailleurs, pour la licence des données OpenStreetMap, ne parlons plus de contamination mais de réciprocité (merci Gaël) ! OSM n’est pas une maladie. OpenStreetMap est bien une source de données libre et partagée qui bénéficie à ses utilisateurs… la moindre des choses est de repartager ses améliorations. 😉 D’autant plus que l’harmonisation des données à l’échelle mondiale est intéressante pour traiter les cas d’usages cités.
En résumé, les acteurs autour des données géographiques en France et en Europe doivent trouver un terrain d’entente pour avancer plus rapidement sur ces sujets et pouvoir exister à l’avenir sur le plan mondial.
Débat : produire des données et créer des services pour la mobilité
La mobilité en tant que service (Mobility as a Service) est l’idée de proposer des services simplifié aux usagers des transports. Ainsi, les informations d’horaires, de tarifs et les moyens de paiement convergent pour être utilisable depuis un point d’entrée unique. L’usager qui voyage d’un point A à un point B n’a pas à se soucier des différents réseaux qu’il emprunte. Cette approche nécessite une convergence des formats de données autour du transport. Cela passe obligatoirement par un dialogue constructif entre les acteurs concernés. Le débat pose alors la question de comment parvenir à un tel service au niveau national.
Plateforme transport
Ainsi, Etalab met à disposition des acteurs une plateforme transport.data.gouv.fr pour recueillir les données des réseaux de transport des différentes villes. Il s’agit de données de structuration du réseau, des horaires théoriques de passages et, dans certains cas, les horaires temps réel. À terme la plateforme proposera de remettre à disposition les données suivant les différents formats existants, pour faciliter la réutilisation. Au-delà de la technique, Etalab propose également un accompagnement aux acteurs de taille modeste qui doivent se former à ses thématiques. Un vaste sujet qui occupe déjà la communauté OpenStreetMap et son écosystème (voir entre autres l’initiative Jungle Bus).
Au-delà des données
Même avec des informations de réseaux pertinentes, la question reste entière pour la convergence des tarifs et des méthodes de réservation. Un formalisme pour renseigner la grille tarifaire d’un réseau est en cours de rédaction. Pour le paiement, la réponse n’est pas encore trouvée. L’exemple de CityMapper et Transport for London, l’opérateur du réseau londonien, montre qu’une gouvernance intelligente sur cette question est nécessaire. En effet l’équilibre financier du gestionnaire de réseau peut se retrouver en péril.
Globalement, les initiatives vont dans le bon sens… mais tout reste à faire avant de proposer une solution unifiée et réellement simple pour les usagers. D’autant qu’un tel service pose la question de qui doit l’opérer : acteur privé ou puissance publique ? Pour l’heure, il existe autant d’applications que de réseaux de transports, pas toujours complètes ni à la hauteur des attentes. En parallèle, des acteurs tels que CityMapper proposent une solution unifiée, mais est seul maître de la gouvernance. Il pourrait donc changer de politique du jour au lendemain (ça s’est déjà vu !). Ici aussi, une solution astucieuse reste à trouver pour assurer un service public de qualité, tout en laissant une place aux acteurs privés.
Les données géo pour la revitalisation des commerces en centre-ville
Autre vaste sujet abordé, celui de la revitalisation des centres bourgs. Avant même de savoir quelles actions mettre en œuvre, il est nécessaire de disposer de données représentatives et de bonne qualité pour parvenir à dresser les constats. Parmi les sources de données, on retrouve la base SIRENE, les déclarations adressées aux impôts, ainsi que des données privées produites par les grandes enseignes de distribution. En croisant ces informations, il devient possible de dresser un portrait précis de la vacance commerciale dans les centres villes, des fréquentations des galeries commerciales, des surfaces disponibles…
Manque de données fiables
Un point soulevé lors des échanges est le manque de données fiables et ouvertes en termes de commerces. C’est une bonne raison pour que la communauté OSM continue d’enrichir la base en actualisant et en détaillant les commerces. Et n’oublions pas le travail d’harmonisation des pratiques, indispensable à l’échelle nationale.
Au-delà des données initiales, les réponses à apporter font débat : la revitalisation passe-t’elle forcément par les commerces ? Quels sont les critères déterminants pour inciter la population à parcourir les centres ? Doit-on choisir les commerces qui peuvent s’implanter (grandes enseignes, franchises, artisans en circuit court…) ? En tout cas, la région Hauts-de-France s’est emparé du sujet et lancé un programme de revitalisation. À noter par ailleurs que le CEREMA utilise OpenStreetMap comme fond de carte et certaines données telles que les parkings pour ses études !
En bref
À l’issue de ces deux journées riches en échanges, je reviens satisfait. OpenStreetMap est devenu un producteur incontournable de données géographiques. Le fond de plan apparaît par ci, le projet est cité par là… il y a un réel usage et intérêt de la part des acteurs professionnels.
Les débats et questionnements sur l’avenir des données géographiques laissent présager que la communauté a un réel rôle à jouer. À nous de savoir ouvrir le champ des possibles sur les réutilisations de nos données. Nous devons être acteurs de l’innovation géographique au niveau mondial (tout un programme) !
Un grand merci à l’équipe de l’AFIGÉO d’avoir porté l’organisation de l’événement, qui s’est très bien déroulé. J’espère qu’OpenStreetMap sera à nouveau représenté lors de la prochaine édition des GéoDataDays !