Paru initialement sur https://www.monatourisme.fr/le-grand-projet-carto-du-seignanx/
Connaissez-vous l’Office de tourisme du Seignanx et ses nombreux projets innovants ?
Leur nouvelle réalisation est en train de voir le jour alors nous [la Mission des Offices de Tourisme de Nouvelle-Aquitaine] avons interrogé Jérôme, le directeur, pour comprendre ce grand projet et le chemin parcouru pour y parvenir.
Peux-tu décrire l’objet que vous avez créé ?
« On a créé notre propre carte Web et Print de notre territoire. C’est un dispositif complet qui permet de mutualiser les différents efforts de collecte en étant 100% interactif !
Cette carte utilise les données Sirtaqui [Système d’Information Régional Touristique d’AQUItaine : base de données touristiques de l’ancienne région Aquitaine] de notre Office de tourisme complétées par les données d’OpenStreetMap, un outil libre. Ces données sont ensuite publiées sur tous nos supports (cartes print, web et smartphone) ainsi que tous les supports qui utilisent OpenStreetMap (citons par exemple maps.me). C’est donc une façon inédite de fonctionner car nous faisons le pari de l’open data !
Cette carte est aussi un bon outil d’animation territorial qui permet de fédérer les acteurs locaux (collectivités, institutions, associations, pros tourisme, habitants… et même les touristes !) autour d’un projet commun, d’une base de données commune et partagée. Comme c’est l’office qui centralise les données, ça le remet un peu au centre du village… »
C’est quoi exactement OpenStreetMap ?
OpenStreetMap est un projet OpenData : mondial, libre, imprimable, téléchargeable… Beaucoup d’avantages ! Et il n’y a finalement pas plus d’erreurs que dans GoogleMaps (le phénomène de « vandalisme cartographique » est très marginal).
OpenStreetMap est bien moins connu que son concurrent Google (Maps) parce c’est un projet et non pas une marque. C’est normal que ce ne soit pas connu du grand public. Néanmoins OSM n’est pas une alternative cartographique en plastoc conduite par une association de punks armés de ciseaux et de scotch. Si vous regardez attentivement, il est utilisé par de gros opérateurs en web comme en print.
L’idée n’est pas de refaire GoogleMaps (un modèle standard mondial) mais bien de créer une carte propre à chaque territoire en valorisant ses atouts. À mon (très humble) avis, la bonne échelle est celle dite de la « poignée de main », c’est-à-dire celle de l’humain (données vérifiables et gérables collectivement). »
Parle nous de la carte Print.
« Notre carte papier du Seignanx, qui est diffusée aux visiteurs et à nos partenaires est désormais issue du fond de carte OpenStreetMap. C’était un gros travail cette année mais à l’avenir, au lieu d’actualiser manuellement les modifications de carte (nouveaux quartiers, rues, ronds-points…), on repartira du fonds de carte déjà actualisé.
Nous avons attribué un code (type B2) à chaque pictogramme (hôtel, resto, loisir, mairie, déchèterie, table de pique-nique…) qui permet de basculer sur la carte web. Voyez par vous-même !
Comme on peut aussi imprimer en A0 (120x80cm), on peut mettre des cartes du Seignanx grand format à l’Office, dans les mairies ou chez nos partenaires. Ça répond pertinemment à la problématique du SADI [Schéma d’Accueil et de Diffusion de l’Information : méthodologie mise en place par la MONA autour de l’accueil touristique] ! Le visiteur est invité à consulter cette même carte et à basculer sur son téléphone pour la consulter en ligne.
Le projet prévoit aussi l’édition des cartes personnalisées, en fonction des demandes des visiteurs. On sélectionne l’offre qui intéresse le touriste et on l’imprime en A3 couleur via notre photocopieur. Exemple : le personnel édite une carte avec les parkings CC, les sentiers et les restaurants pour répondre à la demande d’un camping-cariste (qui n’est pas intéressé par une carte qui affiche les hôtels). Cela apporte un service supplémentaire aux visiteurs quand le personnel dispose d’un peu de temps (hors saison, évidemment pas le 15 août…). »
Et c’est aussi une carte web ?
« Oui. Il s’agit d’une simple URL (et non d’une appli). Le visiteur choisit d’afficher les infos qui l’intéressent. En cliquant dans la fiche « détails », il peut appeler le prestataire, consulter son site (ou sa fiche sur le site de l’Office), le rallier (en ouvrant son navigateur) ou encore l’ajouter à ses favoris (module en cours de développement). Il dispose d’un menu de recherche mais peut aussi saisir le numéro du picto qu’il a vu sur la carte papier. Voyez par vous-même ! «
Comment l’équipe du projet s’est-elle constituée ?
« Je connaissais Marie Lemasson, la cartographe qui réalise de belles cartes papiers du Seignanx depuis très longtemps. Elle m’a présenté Stéphane Branquart d’Ideomap, qui m’a fait découvrir OpenStreetMap et sa solution qui en exploite/valorise la donnée. Vincent Bergeot de Num&Lib, spécialiste et formateur en logiciels libres et OpenData, est venu compléter l’équipe projet.
J’associe l’équipe de l’Office qui n’a jamais caché son appétence pour l’éco-tourisme, les logiciels libres et le développement durable ; sans oublier le collectif de contributeurs qui se connecte régulièrement à OSM pour qualifier et compléter les données du territoire. »
Alors vous faites contribuer les touristes et les habitants ?
« Oui, le projet s’accompagne en effet de demi-journées (ou de soirées…) au cours desquelles nous formons ces contributeurs. Au total nous en avons formé 60 cette année ! Ces « carto-parties », véritables outils d’animation territoriale, permettent d’associer des habitants citoyens. On trouve de nombreux profils : retraités, bénévoles, étudiants, professionnels du tourisme, collectivités… et pourquoi pas à l’avenir des visiteurs ?!?! »
Et qui sont vos partenaires ?
« Les partenaires financiers sont ceux qui nous ont suivi pour répondre à l’appel à projet TINA (Tourisme Innovant en Nouvelle-Aquitaine) : la région Nouvelle-Aquitaine forcément, le département des Landes, notre Communauté de communes du Seignanx et TIRIAD (une association qui agit dans le champ de l’accessibilité). L’Office a également gratté sur ses deniers pour aller au bout. Au final, nous disposions d’une enveloppe d’environ 30 000€ pour conduire ce projet rapidement et intégralement. ATTENTION : ce chiffre ne veut absolument rien dire sur le coût d’entrée, sans de nombreuses explications que je vous épargne. À titre d’exemple, toute la R&D est incluse (c’est juste pour donner une idée)…
D’autres partenaires associés au projet – à défaut de mettre des euros – ont mis sur la table des jeux de données géo-localisées qui nous intéressaient : Le SITCOM (points tris), le CPIE (sentiers pédestres), bientôt les transports… en complément de celles déjà contenues dans OSM. »
As-tu des conseils ou des remarques pour les membres du réseau Nouvelle-Aquitaine ?
« Oui, j’en ai plein ! D’abord, j’invite tous les Offices à réfléchir à cette solution. Cette carte sert finalement à collecter des données du territoire (SIRTAQUI mais pas que…) pour les publier. C’est quand même un peu le cœur de métier des Offices de tourisme depuis plus d’un siècle…
Toutefois, il faut savoir qu’il s’agit d’un projet au long cours. On ne peut pas faire tout, tout de suite. Ça avance en mode « work-in-progress », selon le principe de l’amélioration continue. On apprend à mâcher lentement, ce n’est pas si évident (la route est longue mais la voie est libre)… Il ne s’agit pas d’un projet « clé en main ».
En plus, cette carte permet de valoriser le territoire autrement que par ses commerces et ses « MyBusiness Places » : équipements, bancs publics, points d’eau, sentiers, points de vue, déchetteries, accès handicap… Si un thème a un intérêt pour le public (touristes et/ou habitants) et qu’on a une donnée actualisée à mettre en face, on peut développer et ajouter un nouvel onglet (magasins bio ? toilettes publiques ? graffitis ?…). »
Quelles sont les différentes modalités envisageables sur OpenStreetMap ?
- On peut toujours ajouter des connaissances, des références, des détails historiques ou géographiques sur un lieu. On peut le lier à la page Wikipédia dédiée. Ça ouvre les champs de la connaissance ! Cliquez sur cet exemple :
- Il y a également des perspectives en matière de représentation spatiale. Oui on peut faire de la carto en 3D sur OpenStreetMap
! Cliquez sur cet exemple :
On peut aussi passer en mode Street View. Cliquez sur cet exemple :
- Enfin, il sera aussi possible un jour de voir les transports en temps réel comme c’est déjà le cas à Berlin ! «
Merci à Jérôme et toute son équipe pour son partage au réseau et bonne continuation dans ce projet innovant !
NB : Cet article de blog est initialement paru le 19 juillet 2018 sur le site de la MONA, et est repris ici avec leur autorisation.
N’hésitez pas à consulter l’article d’origine pour plus d’informations sur le sujet.